J'aimerais bien y croire, à tout ça... mais je reste très sceptique.
Pourquoi ? Parce que toutes ces jolies prévisions viennent de ceux qui ont un intérêt dans le développement de la filière (et dans la faveur des investisseurs).
Je me méfie toujours quand je vois plus de prévisions que de chiffres actuels, et ces articles teutons sont plein de spéculations faites par ceux que le VE à batterie concurrence très sérieusement et qui ont très gros à perdre si le pays certainement le plus motorisé (avec des gros cylindres) d'Europe se détourne de leurs industries pétrolières et dérivés. Je passerai sur l'expression "experts...", sans la moindre source.
De plus, ça manque d'échelles de grandeur en termes de kWh. Voyons un peu : si ça décolle comme annoncé, avec un rendement toujours aussi contestable et limite dérisoire, ça va coincer quelque part. Et puis on n'a plus le temps d'investir et de faire de la recherche sur des technologies qui continuent à faire du CO2.
Faire de l'hydrogène avec un résidu de biodiesel? C'est pas vert du tout (notez les guillemets sur le mot green dans le texte). Ca doit bien faire 10 ans qu'on a démontré que les biocarburants sont renouvelables (on peut les fabriquer dans une espèce de cycle) mais pas du tout durables ou viables (choix entre faire du biocarburant ou nourrir la planète). L'article dit que la génération de ce H2 génère beaucoup moins de gaz à effet de serre que les méthodes traditionnelles... c'est déjà trop. Et quand on fait un produit d'un sous-produit, c'est pas comme ça qu'on imagine que ce produit va devenir majoritaire, ils cherchent juste à valoriser leurs déchets.
Faire de l'hydrogène vraiment "renouvelable" en électrolysant l'eau à partir d'électricité générée par éolienne ? Même en couvrant le territoire avec ces éoliennes, on aurait déjà du mal à produire nos besoins actuels en électricité (dixit David MacKay), alors fabriquer de l'hydrogène avec rendement plus que moyen... ça ressemble beaucoup à du gâchis (à noter qu'on n'a toujours pas d'avancée fulgurante sur le rendement de production d'hydrogène, par quelque méthode que ce soit). Industriellement et écologiquement parlant, il faudrait au moins du 50%.
Par ailleurs, il faut quand même une coalition énorme pour sortir ces stations, alors que c'est tout bénef si on peut le faire tout seul. On dirait que chacun des partenaires n'a pas tellement envie d'investir trop, de prendre de risques, mais plutôt de partager tout ça... N'auraient-ils donc pas confiance dans leurs propres plans ?
Daimler annonce des VEH2 abordables... pour quel marché ? Toyota a déjà une longueur d'avance et pourtant ne fait pas mieux que "2 fois plus cher de rouler à l'H2 qu'avec une batterie"... vraiment à la ramasse, Toyota ?
Enfin, tout ça c'est... pour l'Allemagne. Industries allemandes, gouvernement allemand, enthousiasme auto-congratulateur à l'allemande, réseau de stations allemandes, etc. Rien de tout cela n'est prévu ailleurs, au contraire du développement des infrastructures "à batterie", avec Tesla, Nissan, Renault qui vendent leurs voitures à l'international, avec un certain succès. C'est peut-être aussi un sursaut d'orgueil (et d'innovation) de la part de ceux qui se proclament si "Forsprung durch Technik" mais qui se sont fait doublés depuis des années par les Japonais, les Américains et même les Français dans le domaine des VE ou hybrides. Ca me rappelle la bonne vieille époque du Sécam, d'une certaine exception (technologique) française.
Encore une fois, je suis tout à fait d'accord pour dire que la Pile à hydrogène c'est vraiment super... sur le papier. Malheureusement il reste beaucoup d'obstacles, dont notamment la production efficace et versatile d'hydrogène (à partir de plusieurs technologies relativement propres et en tous cas sans CO2). Pour l'instant la technologie batterie est loin devant en termes de rendements et de simplicité (sans compter la maintenance des véhicules), et ne nécessite pas de transformation majeure de nos réseaux actuels (fournir une demie-douzaine de prises 32A, c'est loin d'être aussi délicat que de construire une station H2 qui sera difficile à rentabiliser sur le court terme). Cette technologie permet donc d'avancer pas à pas (si ce n'est pas la coordination bornes de recharge / ventes de VE, qui suit simplement le changement des mentalités) et donc de rassurer les investisseurs, ou de revoir sa copie si on fait fausse route.
Maintenant, ce n'est que mon humble opinion. Comme on dit par chez moi "wait and see"