intéressant ce débat sur le ferroutage --
Pour un chauffeur routier, le ferroutage est l'occasion de dormir et de récupérer. Les semaines d'un chauffeur sont plutôt un multiple des 35 heures et le temps passé à attendre pour charger ou décharger chez le client est aussi compté comme temps de repos par beaucoup de transporteurs.
Le jour où, comme en Suisse, un camion pourra monter sur le train sans avoir réservé sa place au moins une semaine à l'avance, ça marchera beaucoup mieux, surtout avec les flux tendus et le zéro stock qui font qu'un produit est fabriqué dans la journée pour être livré le lendemain à quelques centaines de kilomètres. Sans parler des fruits et légumes!
Je l'ai souvent fait et bien des fois, j'aurais aimé embarquer le camion à Avignon pour me réveiller à Paris. C'était impossible en 1980 et c'est toujours impossible.
Alors que des trains entiers transportent régulièrement des centaines de voitures neuves, on rencontre sur les autoroutes des dizaines de camions transportant aussi des voitures neuves.
Si vous avez Google Earth, jetez un coup d'oeil aux voies des gares de triage de Cerbère ou de Saint Jory et vous comprendrez pourquoi.
Salut ANOR et profburp-
j'ai lu avec intérêt les messages que suscite de débat du ferroutage et suis totalement d'accord avec toi pour dire que ce mode de transport dit combiné est intéressant, qu'il gagne à être développé y compris dans sa version VL (soit le train auto).
ceci étant, il me semble totalement injuste d'attribuer aux conducteurs routiers le faible niveau d'utilisation et de développement du ferroutage (on est bien d'accord - il s'agit de l'acheminement des ensembles routiers - donc poids lourds - par le fer sur des liaisons longues du type Luxembourg - Perpignan - ou Paris - Turin - etc..).
En effet, les conducteurs routiers ne sont pas tous, et de très loin, à la recherche de parcours longue distance, éventuellement faisable en ferroutage. La jeune génération est même plutôt du style à dormir à domicile le plus souvent possible. (Soit transport à courte distance)
Pour les transporteurs routiers (employeurs des conducteurs), il n'y a pas non plus d'objection, ni d'obstacle au ferroutage. Pour eux, le transport est un marché. Ils se battent pour développer leur part de marché dans les limites de ce que les pouvoirs publics autorisent sur le plan national ou international.
Si demain, les lignes de ferroutage leur permettent de réaliser les contrats de transport dans des conditions de coût et de rapidité satisfaisantes, ils les utiliseront, sans aucun état d'âme. C'est une affaire de chiffre d’affaires - rien d'autre -
On peut alors se demander pourquoi le ferroutage est peu utilisé - eh bien tout simplement parce que les lignes ferroviaires ne permettent, aujourd'hui, que peu d'acheminements dans un rapport de coût et de délais qui soit satisfaisant au regard des coûts des transports en général. Il n’y a pas assez de lignes de ferroutages, elles ne sont pas assez rapides et sont jugées trop coûteuses.
Ceci étant dit, il convient d’évoquer la responsabilité de l’état dans le dossier Ferroutage. Pour ma part, je considère que c’est le grand absent du dossier. Pour faire des bla-blas sur la nécessité de mettre tous les camions sur le fer, le monde politique sait faire et ne se prive pas de discours en tout genre à travers les médias quels qu’ils soient . Mais quand il s'agit de décider à la construction de lignes ferroviaires dédiées au ferroutage, là il n'y a plus personne, parce que ça coûte trop cher, parce que c'est trop long, parce que il faut engager toute une procédure de consultation, expropriation, dédommagement, etc..... Ce que nous connaissons, pour chaque portion d'autoroute, par exemple.
En clair, les infrastructures ferroviaires et routières actuelles sont saturées - s'il n'y a pas une ambition politique forte en vue de lancer un important programme de création d'autoroutes ferroviaires adaptés aux besoins d'aujourd'hui et de demain, ... dans cinquante ans, on parlera encore de la nuisance des camions sur nos routes et des incessants encombrements de nos grandes agglomérations.
A suivre.