Merci à Big31 d'avoir ouvert ce sujet et de t'être plongé dans ce rapport assez indigeste à lire.
MoteurNature donne ici un résumé des mesures "phares" concernant les transports :
http://www.moteurnature.com/actu/uneactu.php?news_id=23467
(je le cite pour le résumé, pas pour ses commentaires !)
On a l'impression que l'éléphant accouche d'une souris.
😢
Voilà les données du problème :
- Nous avons 10 ans pour agir (ça fait maintenant 2 ans qu'on nous l'a dit)
- Chez les consommateurs, au delà des bonnes intentions dans les sondages, leur mise en pratique ne suit pas (voir le flop commercial des C2 et C3 Start and Stop, la circulation en ville qui a du mal à diminuer,...)
- Chez les constructeurs, pas de nouveau membre du club hybride depuis Toyota, Honda et Ford, malgré des annonces tous azimuts. Les voitures électiques se font attendre, le déploiement des Biocarburants restera forcément limité. Si on peut comprendre que l'hybridation (full ou mild) par exemple est une rupture technologique qui nécessite de longues années de RetD, on comprend moins que l'injection directe essence et surtout le start and stop, relativement simple pour ce dernier, se déploient si lentement. Pourtant, c'est possible puisque BMW a converti la quasi-totalité de sa gamme en quelques mois à ces deux technologies.
La raison de cette lenteur est simple : le marché (consommateurs + constructeurs) s'adapte au prix du carburant qui a diminué d'un facteur 2 depuis 1970 comparé au pouvoir d'achat. En Europe et notamment en France, l'avantage fiscal donné au diesel diminue l'intérêt de nouvelles recherches sur l'essence.
Puisque les constructeurs français ne sont pas loins des 140g/km, pourquoi introduire des innovations, même modestes, qui risqueraient de surenchérir des véhicules ne trouvant plus acquéreur ? Pourquoi mettre des FAP et se casser la tête sur des DeNox puisque la norme permet de ne pas en mettre ?
L'exemple de Renault est emblématique à cet égard : très bien positionné à courte échéance pour l'objectif de 140g/km en 2008, on ne voit aucun moteur injection directe essence dans sa gamme, aucun modèle start and stop. Aucun projet d'hybridation,...
Ce style de vue à court terme, tout le monde paiera au prix fort. Comme le disait DoubleHybride dans un de ses posts, pour les problèmes d'énergie, il faut chausser ses lunettes panoramiques
Prenons l'exemple du diesel :
- la distillation du pétrole brut, nous donne aux environs moitié essence moitié diesel.
- le moteur essence, n'ayant pas été très développé jusqu'ici, a de grosses marges de progression, contrairement au diesel, chez qui les grands progrès dans ce domaie sont derrière lui, et qui arrive en bout de développement. Les derniers moteurs essence injection directe stratifiée sont à puissance égale à moins de 5% d'émission de CO2 en plus des moteurs diesel, avec un bilan en terme de dépollution qui reste bien meilleur.
Transformer l'essence en diesel rejetterait bien plus de CO2 que de travailler sur le moteur essence pour améliorer son rendement. A moyen terme, il est évident que ces deux carburants continueront à cohabiter.
Le seul moyen efficace de faire privilégier cette vue à moyen terme, tant par les consommateurs que les constructeurs, est d'influer sur le marché via les taxes, et surtout les taxes dissuasives !
Ainsi, un alignement du prix du diesel sur l'essence, inciterait les constructeurs à basculer une partie de leurs efforts de RetD sur l'essence, ce qu'ils seront de toute façon, contraints de faire un jour ou l'autre. Notons au passage qu'en Europe, de très bons scores de la Prius sont obtenus dans des pays où ces deux carburants ont un prix équivalent (Royaume-Uni, Suisse).
Malheureusement, cette mesure n'est pas inscrite au programme du Grenelle. Et au niveau des taxes dissuasives, il n'y a que deux propositions louables mais qui sentent le réchauffé : les péages urbains (déjà en place à Londres) que je verrais bien appliqués en France avec une exemption pour les Start and Stop, et l'éco-pastille (c'est un rétablissement de la vignette que voulait déjà mettre en place un ministre de l'environnement en 2005).
Mais il faudra aller plus loin : la mesure clef serait d'introduire une taxe CO2 progressive sur tous les carburants. D'apès le S&V spécial climat, on avance souvent le chiffre de 40€/t; et selon l'ingénieur-conseil JM Jancovici, un coût de 100 à 400 € la tonne suivant les secteurs augementerait le prix des véhicules de 4% et doubleraient leur coût d'usage annuel.
Voilà qui serait efficace !