Bonjour fd14,
Il faut d'abord bien définir ce qu'on entend par pollution. La pollution d'un moteur, c'est selon moi tout ce qu'il rejette et qui a une toxicité plus ou moins grande pour nous et l'environnement : monoxyde de carbone (très dangereux au-delà d'un certain seuil), particules solides (allergènes et cancérigènes), oxydes d'azote (gaz irritants), etc.
Le dioxyde de carbone sur lequel est faite presque toute la communication n'est pas un polluant, et qu'il vienne d'un carburant fossile ou pas c'est le même. Mais bien entendu, à force de ressortir de terre du carbone fossile on finit par augmenter la concentration de CO2 dans l'atmosphère, ce qui est fâcheux pour le climat, tu as dû en entendre parler.
L'intérêt des carburants agricoles est donc de prélever du carbone dans son cycle naturel plutôt que de remettre en circuit du carbone fossile, ce qui est un mieux (par contre pour les véritables polluants, il peut y avoir du mieux comme du pire). Mais les bénéfices sont très variables suivant le type de culture utilisée, et on ne peut donc pas répondre en bloc si l'éthanol carburant est très bénéfique ou pas de ce point de vue, tant qu'on ne sait pas d'où il vient.
Et surtout, le CO2 d'origine fossile n'étant un problème qu'à l'échelle de la planète (peu importe où il est émis, contrairement aux vrais polluants qu'on a intérêt à délayer loin de nos poumons), la seule chose qui compte c'est "quelle est la méthode la plus efficace pour réduire globalement ces émissions de CO2 ?". Avec une question subsidiaire : "de combien on peut espérer réduire ?"
Or si le pétrole est utilisé chez nous pour plus de la moitié dans les transports, c'est aussi qu'il est utilisé pas mal ailleurs : chauffage par exemple. Et c'est beaucoup plus facile de commencer à remplacer le pétrole par autre chose ailleurs que dans les transports, par du bois par exemple, avec un rendement énergétique bien meilleur.
En plus si on voulait être logique, on commencerait par remplacer le carburant qui nous manque le plus : le gazole, importé massivement de Russie. Le SP 95, on en produit trop et on l'exporte. L'alcool n'est donc pas un choix très logique. Mais même s'il l'était, combien pourrait-on en produire chez nous sans se priver de manger ? Certainement plus que maintenant, mais certainement beaucoup moins que nos besoins.
Aujourd'hui, n'importe quel moteur à essence peut accepter de l'E10, c'est-à-dire un mélange d'essence avec 10% d'éthanol. On pourrait donc sans rien changer des voitures consommer pas mal d'éthanol : la consommation d'essence a été de 10 millions de tonnes en 2007, on pourrait donc mettre 1 million de tonnes d'éthanol. On en a produit 420 000, on a donc encore de la marge, même s'il est vrai que ça augmente très vite.
L'E85 est justifiable dans des pays comme le Brésil, en France j'ai du mal à voir son intérêt. Il me paraît plus judicieux et efficace de commencer par réduire la consommation de carburant par tous les moyens, avant de remplacer ce carburant par un produit non pétrolier.