2015 : l'hybride HEV à la croisée des chemins (1ère partie)
Liminaire : ci-dessous réflexion rédigée fin 2014 et retouchée à la marge ensuite, sur la position et l'avenir de l'hybride HEV par rapport aux autres propositions automobiles. J'aurais très bien pu alternativement la poster dans "prius contre TDI", mais je le fais ici, premièrement pour remercier MisterMMT de la création de ce fil crucial, ensuite, parce que les actuels possesseurs de HSD du forum hésiteront plus entre HEV et PHEV dans les 10 ans à venir qu'entre Hybride et thermique classique.
Le Prius Touring Club fête ces 10 ans cette année. A sa création en 2005 par une assemblée de fans de la Prius d'alors, la technologie hybride HEV (hybride électrique non rechargeable) que cette voiture représentait, paraissait être à l'évidence une technologie d'avant garde qui serait au centre du paysage automobile à moyen terme (10 à 20 ans : lire avec intérêt les premières réponses aux questions 9 et 10 du fil
Questionnaire de présentation) tellement elle écrasait à cette époque de prise de conscience environnementale, tous les véhicules thermiques concurrents : consommation (et donc émissions de CO2) en ville et sur route tout en restant placée aux avants postes sur autoroute ; émissions polluantes avec des années d'avance sur les normes, et encore plus sur les émissions réelles de l'époque ; et une avancée de plus haute importance pour la santé publique, à savoir le silence, tant pour le conducteur que pour le citadin. Tout ça, en ayant des accélérations tout à fait respectables dans sa catégorie, et même avec d'excellentes reprises (ce qui compte vraiment dans la vie réelle) dignes de monospaces compacts et de berlines moyennes qui avait 20 ch de plus. Ajoutons une habilité hors norme, une interface futuriste (avec un écran tactile centralisant toute les commandes, gigantesque pour l'époque), et des technologies issues de l'aréonautique (commandes by wire). Last but not least, et c'est peut-être le plus important, elle apportait de nouvelles sensations et un nouveau type de plaisir de conduite, fait de glisse, de silence, de zènerie,...un léger avant goût de VE.
Peu après la réception de ma Prius et bientôt inscrit au Prius Touring Club, je me souviens distinctement de certains moments du
grand rassemblement de Lyon en 2006 : par exemple lorsque les 60 Prius du rassemblement firent le tour d'un pâté de maison du centre de Lyon en full EV sous le regard émerveillé et reconnaissants (pour cette quiétude nouvelle) des badauds attablés aux terrasses de café ; ou lorsqu'elle se garèrent sur le parking herbeux de ce producteur de vin bio, le silence étant uniquement perturbé par le cliquetis de quelques graminées sur les dessous de caisse de la Prius. Magique !
La Prius me semblait alors représenter de toute évidence l'avenir de l'automobile et nous en étions les précurseurs. Et je crois qu'au rassemblement de Lyon, nous étions beaucoup à le penser.
Où en est-on 10 ans après, soit l'échéance du questionnaire de présentation mentionné plus haut ?
Et bien, tout ne s'est pas passé comme prévu...
Premièrement, les hybrides sont toujours devant en consommation, mais les écarts se sont considérablement réduits avec les véhicules priustoriques. Contrairement à toute attente (pour moi en tout cas), sur route et autoroute, les meilleurs diesel sont désormais devant les hybrides, alors que les meilleurs essences arrivent désormais à leur hauteur.
Sur le plan pollution, la norme Euro 6 a considérablement diminué les écarts entre hybrides et véhicules priustoriques, certains hybrides n'étant d'ailleurs pas exemplaires en ce domaine (cf. les BMW activhybrid, grosses émettrices de particules, tout du moins avant l'entrée en vigueur de la norme Euro 6, ou encore les Hybrid4 moins bonnes que leurs consoeurs diesel normales !). Même en terme de silence, la généralisation en cours du Stop and Start a réduit l'écart, en annulant aux feux rouge (la position arrêté représente 30% du temps en ville) l'avantage de l'hybride.
Il ne reste comme avantage flagrant (et pour un nombre croissant de conducteurs, décisif), à l'hybride HEV par rapport au véhicule priustorique, que sa consommation imbattable en ville, et l'immense plaisir de ses glissades silencieuses dont on ne se lasse pas....
...Mais ne voilà t-il pas qu'attaqué sur son flanc gauche par le véhicule thermique optimisé, l'hybride HEV l'est maintenant sur son flanc droit par un nouveau type d'engins. Après la visionnaire Volt/Ampera de 2010, débouche en force fin 2014 l'hybride rechargeable, qui surpasse l'hybride sur ses derniers avantages cités ci-dessus, à savoir consommations en ville et glissades en EV. Avec en plus la possibilité de plus solliciter un moteur électrique mieux alimenté par une batterie plus puissante, et donc de se rapprocher plus des joies du VE, désir plus ou moins avoué de quiconque à goûté aux joies de l'hybride (et d'autant plus pour celui qui a essayé un VE !) ...
Face à cette nouvelle donne, quelles sont les conséquences pour l'hybride en 2015 en terme de parts de marché ?
Toyota-Lexus a bien suivi sa feuille de route, dépassant peu après 2010 le million d'hybrides annuel produit (soit >10% de sa production), en généralisant sa gamme hybride sur Lexus, la même trajectoire étant en voie d'achèvement chez Toyota (après la prochaine sortie du RAV4 HSD, il ne restera plus guère que le Verso en Europe pour parachever cette gamme). Voilà qui augure donc d'une situation conforme à nos prévisions de généralisation de l'hybride d'il y a 10 ans.
Le problème est que c'est bien le seul constructeur à avoir suivi cette voie...
Honda, le précurseur de l'hybride avec Toyota, après avoir lancé le début d'une gamme hybride en 2009, est totalement revenu en arrière. Si une nouvelle hybridation devrait arriver prochainement sur la Jazz (même pas lancée en Europe avec la sortie du modèle) et un ou deux autres modèles, ce sont de nouveaux moteurs essence et diesel dernier cri qui devraient constituer le coeur de sa stratégie et c'est l'hybride rechargeable qui hybridera la gamme plus haute. Le symbole en est la récente nouvelle d'un nouveau CR-Z annoncé pour 2017 et...non hybride !
Quand aux autres constructeurs, l'hybride reste cantonné à quelques modèles isolés lancés au coup par coup, sans aucun signe de politique cohérente de généralisation à moyen terme, le plus assidu dans ce domaine étant peut-être Ford. On peut d'ailleurs les comprendre :
l'essai de sa dernière Mondeo hybride (avec un succédané de HSD) est toujours mitigé, sans amélioration notable des tares notées sur une Prius il y a 10 ans. Certains modèles hybrides ont d'ailleurs ou vont être retirés du marché, faute de succès : outre la BMW X6, les Honda IMA, on peut citer notamment, l'audi A6 hybrid, et dans 2 ans la disparition de l'hybrid4 chez Peugeot. Je m'attends également à un possible retrait des activhybrid chez BMW, qui comme les hybrid4 de PSA consomment plus sur autoroute que leurs soeurs thermiques !
Les hybrid4 seront d'ailleurs remplacées par des hybrides essence rechargeable, à l'instar de tous les constructeurs allemands qui se sont lancés en force sur ce créneau, cette fois-ci avec une vraie stratégie durable et de généralisation, similaire à celle de Toyota engagée sur l'hybride HEV il y a 10 ans... GM quand à lui sort une version encore améliorée de son REV Volt/Ampera (mais refroidi par les résultats commerciaux de son premier modèle, la cantonne aux Etat-Unis : a t-il eu raison trop tôt ?), Volvo part sur l'hybride diesel rechargeable, etc..
Sans compter que de nouveaux véhicules encore plus futuristes vont arriver de façon assez inattendue dans deux à trois ans : ce sont les VE à grande autonomie démocratisés (impensables il y a encore 5 ans où le VE devait rester urbain). L'audace de Tesla en la personne d'Elon Musk à laquelle s'ajoutent les progrès sur les performances et les coûts de production des batteries ont changé la donne : Tesla Model 3, Chevrolet Bolt, Prochaines Leaf et Zoé auront des autonomies de 300 km, alors qu'après pas mal d'hésitations et d'atermoiements, les réseaux de recharge, notamment rapides, s'apprêtent à réellement se déployer. Ces VE d'un nouveau type ,certainement rejointes par d'autres, vont mettre encore plus à mal les hybrides HEV (les hybrides rechargeables aussi d'ailleurs, qui à peine arrivées sur le marché, risquent donc déjà de trouver de redoutables concurrentes, pour certaines typologies d'utilisation).