Le moins que l'on puisse dire est que la législation européenne, d'habitude si tâtillonne, laisse ici une trop grande liberté aux constructeurs pour faire à peu près n'importe quoi.
Je n'ai en effet trouvé rien d'autre que
cette directive qui, outre quelques fautes d'orthographe, nous gratifie d'un flou plus qu'artistique concernant la quantité de lumière émise par les feux de jour.
Je rejoins totalement planétaire sur le côté dangereux de bon nombre de ces feux. Ils semblent avant tout conçus par des gens du marketing pour donner une signature visuelle marquante à la voiture plutôt que par des ingénieurs rationnels.
Une bonne part du problème vient de leur très forte directivité : les LEDs émettent naturellement un faisceau lumineux très concentré dans une direction. Si cela n'est pas compensé par un dispositif optique approprié comme par exemple sur
les feux stop des Prius, où on ne voit pas directement les LEDs mais leur réflexion dans une surface réfléchissante bien conçue, la personne située dans l'axe est éblouie... et celle située trop loin de l'axe ne voit plus rien.
C'est particulièrement flagrant lors des croisements sur les routes de montagne.
C'est le double effet Kiss pas cool : éblouir certains, et ne pas avertir d'autres de sa présence. La sécurité routière tenant beaucoup à la standardisation des perceptions (au niveau de la signalisation en particulier), on peut dire que sur ce coup c'est bien raté.
J'ai aussi remarqué cet effet sur certains feux stops de voitures récentes : quasiment invisibles si on arrive derrière ces feux au-delà d'un certain angle.
De la même façon, ceux qui croient qu'un correcteur d'assiette (en effet obligatoire pour les feux xénon) règle le problème de l'éblouissement des feux de croisement puissants oublient un léger détail : en terrain vallonné, comme le signale planétaire, lorsqu'on croise une voiture on peut très bien se retrouver avec le pare-brise en plein dans le faisceau d'un éclairage xénon parfaitement réglé.
Progrès pour le chiffre d'affaires des équipementiers, c'est sûr ; progrès pour la sécurité routière, ça l'est beaucoup moins...
À mon avis, il est
urgent que le législateur se décide à faire son boulot, qui ne consiste pas seulement à pondre un texte mais à le rédiger correctement afin d'en prévoir tous les effets pervers.