Attention: message très long !
Bonjour Super4L, je t'ai remercié pour ta réponse, car elle va permettre d'orienter notre réflexion et stimuler le débat.
Si on en croit des sondages, au moins 30 % de la population en France serait climato-sceptique. Rien de choquant donc qu'il y en ait un certain nombre chez nos membres et inscrits au forum. Je respecte leur opinion et cela rejoins également l'image que j'ai de mes amis gaulois
pour être très critiques de leurs élites et de s'interroger sur leurs intentions et intérêts parfois en conflit avec ceux d'une bonne partie de la population. Mot clé: GJ et aussi un peu la tonalité de ton message.
Je vais donc essayer de commenter tes écrits le mieux que je peux.
Bonjour Mister_MMT,
Merci de ta réponse. Je te réponds tout en écoutant la vidéo de présentation du Réveilleur. A ce stade, je n'ai pas encore lu les posts qui suivent ton intervention que je cite dans ce post (il y en a vraiment beaucoup, ça va demander du temps...).
Je vais déjà commencer par là :
Il faut réduire de façon drastique la consommation des combustibles fossiles d'ici 2050, commençant maintenant.
Là-dessus je suis complètement d'accord, mais en ce qui me concerne les raisons sont différentes, ou tout du moins classées différemment :
- Le pétrole finance des régimes instables et potentiellement très dangereux. Je pense au Moyen-Orient et tout particulièrement à l'Iran. Ce premier point demanderait une indépendance énergétique (pas seulement des boycotts provisoires) sans attendre 2050, et que la France ne soit pas le seul pays à aller dans ce sens.
- La raréfaction des ressources. Ces ressources sont certes abondantes aujourd'hui, mais elles sont finies (dans le sens non infinies) et font aussi l'objet d'une guerre économique qui peut dégénérer.
Si tu le voulais bien, je serais intéressé à connaître un peu mieux tes activités scientifiques. Dans quel domaine travailles-tu et comment vois-tu le monde de la recherche ? Est-ce que cela influe ta façon de réfléchir sur les thématiques environnementales et sociétales ?
Un parcours sans prétention en ce qui me concerne. Mais je peux aussi me prétendre scientifique comme tout titulaire d'un bac S.
Mon domaine c'est la mesure physique. Si il fallait résumer, je reprendrais pas mal des termes employés par le Réveilleur lorsqu'il décrit l'ESCPI : on touche un peu à tous les domaines mais finalement avec la frustration de ne pas suffisamment les approfondir. Je me suis arrêté après avoir obtenu ma licence, pour des questions d'opportunité d'emploi.
Disons qu'en ayant touché un petit peu à pas mal de domaines, j'ai des bases qui me permettent de me poser des questions pour approfondir un sujet par la suite.
Dans la mesure physique, il y a l'acquisition des données et le calcul d'incertitude associé, puis il y a l'interprétation de ces données. Si la première phase relève du domaine scientifique et est incontestable du moment que toutes les variables d'entrée sont connues, la seconde sort de ce domaine et c'est là que la méfiance (ou le scepticisme) et la réflexion doivent s'installer. Etre (climato-)sceptique, c'est savoir se poser des questions et s'apercevoir que les réponses apportées ne sont pas objectives, peut-être incomplètes quand elles ne sont pas erronées, ou pas suffisamment convaincantes. Je suis cartésien, je ne crois que ce que je vois.
Je n'ai jamais voyagé (mon plus long périple était la Grèce, ensuite ça se limite aux pays frontaliers). J'ai vécu grosso modo 20 ans au bout de la Bretagne puis 20 ans dans le Berry. Ce changement de région a certainement contribué à ne ressentir aucun réchauffement, bien au contraire. Et je comprends par la même logique qu'un Berrichon qui part s'installer en Bretagne ressente un réchauffement climatique puisque d'un coup il ne subira plus le gel en hiver.
Sinon, je n'adhère ni aux bonnets rouges ni aux gilets jaunes, je les cite car ils font l'actualité depuis pas mal de temps et qu'ils sont le symbole de ce que Raffarin appelait à l'époque la France d'en bas (qui maintenant englobe plusieurs étages). Ils sont le paradoxe de notre pays : tellement pauvres que la moindre mesure d'écologie devient pour eux une privation de première nécessité (pouvoir se rendre à son travail pour ceux qui en ont, être contraint de chercher un emploi très près de chez soi pour ceux qui sont au chômage et donc gâcher des opportunités), et en même temps particulièrement aidés pour acquérir de l'énergie pas chère (chèque énergie, tarifs sociaux EDF) tout en ne pouvant pas en profiter pleinement faute de moyens (prime à la conversion ++, aides à l'amélioration de l'habitat). Enfin, c'est le premier mouvement d'ampleur à dénoncer l'écologie, pas parce qu'ils s'assoient sur l'avenir, mais parce qu'ils ne se sentent pas capables de le préserver à la hauteur de ce qui leur est exigé.
Mais j'ai quand même comme point commun avec eux que quand des politiques disent que tel rapport conclut à tel phénomène, et qu'ils ont déjà préparé la facture fiscale "pour y remédier", mon postulat de départ est de penser d'emblée qu'il s'agit d'une escroquerie.
L'écologie n'est plus une vertu, elle a été détournée pour devenir un mouvement politique, ce qui implique un fort lobbying (la politique c'est l'art d'influencer et d'être influencé), ça ne m'aide pas beaucoup à pouvoir changer d'avis...
Il a raison de dire que les phénomènes climatiques et leurs changements sont hyper-complexes.
Oui, c'est certainement hyper-complexe aussi à expliquer et vulgariser. Le point de blocage étant bien, à mon avis, dans la communication. C'est quand même intéressant de constater que parmi les "climato-sceptiques" il y a toutes sortes de niveaux d'instruction et de classes sociales. Ce n'est donc pas qu'une question de ne pas être en capacité de comprendre, ni qu'une question de lobby (ou d'anti-lobby).
Je partage en grande partie ton opinion sur la pratique de nos gouvernants durant les décennies précédentes et jusqu'à ce jour. Est-ce que cela va changer ? Avec l'évolution attendue des impacts liés aux changements climatiques, ils vont certainement subir des pressions. Mais est-ce que ce sera suffisant ?
Je pense que ce sera un échec pour les raisons déjà évoquées (politique = lobbying). Le changement ne viendra pas des politiques, mais des industriels si ils veulent bien investir dans la transition, puis ce sont eux qui feront pression sur les politiques pour accélérer le déploiement des techniques qu'ils viendront enfin de maîtriser. Nous, nous sommes de simples consommateurs, on ne peut acheter que ce qu'on veut bien nous vendre. On veut des voitures électriques sans batteries au lithium et avec assez d'autonomie pour nos besoins, mais en attendant on se rabat sur le diesel qui est moins cher à la pompe et à l'achat même après subventions.