Un des grands problème pour tout scientifique, est la quantité de publications paraissant à un rythme élevé, seulement dans son domaine de spécialité. Du coup, il doit passer son temps à lire beaucoup, et souvent, il survole, sans vraiment approfondir.
Un autre grand problème lié, est qu'il faudrait également qu'il lise en dehors de son domaine. Mais le temps manque. Le Prof. Raoult donne souvent l'exemple d'un infectiologue spécialisé en bactériologie qui ne lit pas sur les virus et vice versa. J'ai connu cela couramment chez des collègues dans ma spécialité de biologie cellulaire.
C'est la course aux publications..."Publish or perish". S'ajoute à cela l'énorme pression sur les chefs d'équipe, pour trouver les financements et les bons collaborateurs,... ou les garder.
Un jeune chercheur qui vient de passer sa thèse de doctorat, et qui souhaite continuer dans la recherche va devoir faire un stage "post-doc", souvent sur un contrat précaire. C'est cette étape qui déterminera si il pourra s'établir avec un poste stable, ou devoir se "recycler" dans d'autres métiers. C'est déjà lourd pour ce jeune. Mais un chef d'équipe est souvent confronté au fait qu'un post-doc quitte le projet pour prendre un poste stable ailleurs.
Viennent s'ajouter la quantité sans cesse augmentant de bureaucratie à traiter presque quotidiennement.
Bref, c'est un métier dur assez méconnu et dans le public, pas très bien payé. Dans le privé, on l'est mieux, mais on se trouve souvent enfermé dans une sorte de cage dorée. Même ici, personne n'est irremplaçable, et les restructurations font souvent des ravages.
Alors, retenons-nous à critiquer aveuglement "les scientifiques". Certes, il y a des moutons noires, mais ceux qui s'y aventurent le font par passion et font leur possible pour produire des connaissances ou trouver des applications.
Et pour finir, il est facile de s'adjuger des opinions, mais comment faire sans avoir les connaissances pointues pour comprendre, car le savoir à maîtriser avant de pouvoir s'appeler expert est énorme. C'est le problème des médias et leurs journalistes, et bien sûr, les politiques. Ne parlons pas du grand public, submergés de "News", dont ils ne peuvent pas savoir si c'est du "Fake" ou pas.
Un scientifique qui se respecte, commencera souvent avec, "on" ou "je" ne sais pas, avant de commencer à étayer des hypothèses... Cela ne devrait pas mettre en cause sa crédibilité, au contraire.
Dans ces conditions, qui s'étonne de certains dérapages, copieusement commentés sur les médias sociaux et les plateaux de télévision ?
Jan