Comme dans tous les problèmes, mais c'est particulièrement vrai pour les problèmes d'énergie, il convient d'être lucide et pragmatique.
La lucidité, c'est d'accepter ce que tous les experts disent, à savoir que la plus grande composante de cet énorme effort que constitue l'objectif
facteur 4 en France de réduction des émissions de GES (facteur 5 maintenant semble t-il) viendra des économies d'énergie, par des améliorations technologiques (isolement des maisons, véhicule hybride,...), mais également et surtout de changements de comportements qui demanderont quelques sacrifices par rapport à nos habitudes, la plupart récemment acquises (je ne fais plus sécher mon linge dans un sèche-linge électrique, je roule moins vite et fais moins de km avec ma voiture,...). Arrêtons donc de penser que l'on pourra vivre sans changer nos habitudes et réduire la voilure, grâce aux éoliennes et aux panneaux solaires !
Il y a quantitativement beaucoup moins à attendre des gains acquis par transfert d'énergie vers le renouvelable ou le nucléaire. Une fois ça posé, il faut être pragmatique, ce qui nécessite de regarder les avantages-inconvénients de chaque énergie, et donc avant tout d'en comprendre les mécanismes physiques et les ordres de grandeur en jeu (cf. lien vidéos donné ci-dessus).
Ainsi, si l'on essaye de faire preuve de pragmatisme au nivau mondial :
On constate que l'énergie électrique ne se stocke pas en grosse quantité, ce qui entraîne que sur un réseau il va falloir en permanence équilibrer le rapport offre-demande.
Dans ces conditions, l'éolien industriel dont il est question ci-dessus, sera très intéressant dans les zones littorales tropicales (par exemple les DOM-TOM) où les
alizés soufflent de manière très constante.
Dans les régions tempérées, avec un vent beaucoup plus intermittent
, l'éolien industriel ne pourra être installé qu'à dose variable suivant la situation existante des moyens de production, car au delà d'un certain seuil, il faudra équilibrer le réseau par de nouvelles installations productrices de GES (même genre de phénomène que pour les biocarburants de première génération qui, poussés trop loin, bouffent sur la fôrpêt ou les cultures alimentaires).
Le solaire thermodynamique avec stockage de la chaleur dans des sels fondus sera une excellente solution pour faire de l'électricité de base dans les pays très ensoleillés, notamment à composante désertique ou semi-désertique, avec beaucoup de place (en Europe, ça pourrait intéresser l'Espagne).
Le nucléaire, dans le contexte actuel, peut-être une bonne solution en terme de coût-bénéfice (au sens large), pour une production d'électricité de base dans des pays possédant un bon niveau technique et la démocratie, avec une autorité de sûreté indépendante (en gros les pays développés occidentaux, ou les pays en développement du haut du panier : Argentine, Mexique,...).
Il en est de même de l'hydroélectricité (en électricité de base ou de pointe), lorsqu'il reste des capacités (dans pas mal de pays d'Afrique et d'Asie par exemple), en faisant attention aux projets pharaoniques (exemples : effets environnementaux avérés et potentiels à moyen terme du
barrage des 3 gorges,...).
Il en est de même des énergies fossiles avec
séquestration géologique du CO2, notamment le charbon, pour des pays qui en possèdent en abondance, lorsqu'il existe des sources de stockage possibles.
Voilà pour la production de base, il faudra toujours des moyens émetteurs de GES pour reprendre les pointes de consommation, d'où l'intérêt d'essayer de réduire ces pointes.
C'est là à mon avis là que les énergies éolienne et surtout solaire ont un rôle important à jouer en France, en pouvant contribuer à réduire la pointe de consommation des logements et du tertiaire (un des plus gros postes de GES avec les transports). Pas via une production industrielle raccordée au réseau
, mais plutôt via une production
ET une consommation décentralisées (avec un minimum ou sans renvoi d'énergie sur le réseau), au niveau d'un logement ou d'un groupe de logement.
En effet, en installant de petites éoliennes ou/et du solaire photovoltaïque ou/et thermique (surtout du thermique en fait), sur une maison qui aura été auparavant très bien isolée, avec des appareils électriques intelligents (par exemple avec une machine à laver qui se déclenchera quand la puissance disponible via ces moyens sera suffisante : penser à mettre son linge le matin en partant !
), il doit être possible d'accroître fortement l'indépendance du logement au réseau, celui-ci étant réservé à la production de base pour l'industrie, les VE la nuit, et les barrages existants pouvant alors suffire à reprendre ces pointes beaucoup plus faibles...
En conclusion, je crois comme Volkan à un mix énergétique, mais qui dépendra, pour un rapport coût-bénéfice optimisé, de la localisation géographique et climatique du pays, des moyens de production existant, de son habitat existant, de son niveau de développement, etc...