Grenelle

Sur le thème "Quelle politique énergétique pour demain ?" (qui pourrait faire l'objet d'un sujet dédié, tant les enjeux sont importants), je cite le nouveau bilan prévisionnel de RTE pour 2020 et 2030 qui vient de sortir. Je vous invite vivement à la consulter :lecteur:!

RTE fait plusieurs scénarii et a eu la clairvoyance d'introduire un scénario "Nucléaire Bas" où la capacité installée de Nucléaire passerait de 75% actuellement à 50% en 2030. Voilà qui permet d'apprécier rationnellement et quantitativement les conséquences d'un tel scénario sur un certain nombre de plans pratiquement pas abordés jusqu'ici :jap:.

Avant une lecture plus approfondie du rapport, je me suis avant tout intéressé au CO2 émis, pour moi le paramètre le plus important, qui intéresse le réchauffement climatique et notre dépendance aux énergies fossiles.

Voici ce que ça donne en Mdt de CO2 émise, puis ramené à ce qui a été produit en kWh (tiré des pages 83, 115 et 117 du rapport) :

Réalisé 2010 : 33,5 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année, soit 61,5 g cO2/kWh
Scénario de Référence 2030 : 15,7 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 25,0 g cO2/kWh
Variante consommation haute 2030 : 19,3 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 30,3 g cO2/kWh
Variante consommation basse 2030 : 10,6 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 17,4 g cO2/kWh
Variante ENR hautes : 12,2 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 18,5 g cO2/kWh
Variante Nucléaire bas : 23,1 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 42,7 g cO2/kWh

De toute évidence, c'est le scénario consommation basse qui est le plus efficace sur ce plan et qui a ma faveur, même si je ne vois pas l'intérêt d'exporter tant d'électricité dans ce cas. Le mieux serait plutôt d'arrêter des moyens de production supplémentaires (notamment celles qui seront en 2030 les plus anciennes centrales nucléaires) et de laisser nos voisins assumer leur politique énergétique :langue: : je pense notamment à l'Allemagne dont l'intensité carbone du kWh de l'électricité de réseau est actuellement pas loin de 5 fois l'intensité française (403 g CO2/kWh pour l'Allemagne, contre 84,5 g CO2 kWh en France ; source guide des facteurs d'émission ADEME V6.1 qui cite des chiffres 2006).
 
Le dernier scénario negawatt 2011 a été publié il y a peu.

Un angle de vue très intéressant, car centré sur une baisse drastique de la demande plutôt que sur l'augmentation (ou le maintien) de l'offre. Bien évidemment, il y a quelques zones d'ombre dans ce scénario, mais leur approche courageuse (car son application ferait hurler beaucoup de français:cheveux:) est digne d'éloges :jap:.
 
Faut vraiment que je prenne le temps de le lire. :-D
 
C'est bien beau tout cela mais uniquement franco français.
La lutte doit être partout non ?
L'effet de serre par exemple concernera toute la planète.
Si la France rejette moins de CO2 mais que l'Allemagne en produit allègrement avec ses centrale lignite ou charbon, le bénéfice il est ou ?

La lutte doit être mondiale sinon cela sera un beau fiasco et la porte ouverte aux conflits.
 
C'est bien beau tout cela mais uniquement franco français.
La lutte doit être partout non ?

Oui... et non !

En fait, le scénario Négawatt permet aussi d'économiser l'énergie qui va être de plus en plus rare.

Economiser de l'énergie va souvent de paire avec une réduction des GES. On gagne sur les 2 plans.

Donc, on s'en moque que cela soit "franco-français" : ceux qui appliquent de telles solutions seront gagnants quoi qu'il arrive. :jap:
 
:ouioui: ..... son père opère au pair les paires par paires !
est-ce un impair sur nombre pair ?
Et, si les paires te sèchent, ôtes l'imper
que les Pairs mettent pour que les paires durent !
 
Je mentionne à toutes fins utiles ce plan "trajectoire ENR 2009-2020" que j'ai cité dans un post sur les ENR, car il a également un lien avec le Grenelle.
 
Questionnaire ADEME

Je suis tombé ,"par hasard", sur un questionnaire ouvert à tous, sur le site de l'ademe, sur les questions habitats/déplacements/économie d'énergie
Ne vous gênez pas, mettez vos commentaires...
ATTENTION, çe n'est que jusqu'a la fin du mois de novembre,il me semble

QUESTIONNAIRE
 
Tenue des objectif du Grenelle

Le ministère de l'écologie a demandé un rapport faisant un point sur les objectifs du Grenelle de l'environnement, 5 ans après. En attendant sa sortie dans le domaine public, un article du Monde.

Pour ma part, je ne suivrai pas Le Monde dans son titre à l'eau tiède, et ne dirai qu'un mot : lamentable ! :evil:

Dans les transports, on paye comptant l'abandon de la taxe carbone, de celle sur les poids lourds, etc...Gageons que le signal sur le prix des carburants, récemment donné par le gouvernement au bon peuple qui a déjà oublié ce qu'il supportait à fond il y a 5 ans en signant à tour de bras le pacte écologique, va permettre de redresser la barre... :sad:

En France, on est absolument incapable (ou on ne l'est plus) de se mobiliser et de faire des efforts dans la durée pour une cause. Si les mentalités ne changent pas, notre pays est très mal parti...:pastop:
 
Prospective RTE 2012

Comme en 2011, voici en lien le nouveau bilan prévisionnel 2012 de RTE pour 2020 et 2030 qui vient de sortir. Je vous invite vivement à le consulter :lecteur:!​


Comme l'année dernière, RTE fait plusieurs scénarii. La plupart recoupent ceux de l'année dernière, mais avec semble t-il des choix moins marqués, conduisant donc à moins d'écarts entre scénarii. Un choix que je regrette en tout cas :pastop:: le scénario "consommation basse" de 2011, volontariste, est remplacé en 2012 par un scénario "croissance faible", a priori subi. Un scénario correspondant à la trajectoire de l'actuel gouvernement (Passage de 75% à50% de nucléaire en 2025) et dénommé "40 GW Nucléaire en 2025" a été ajouté.


Comme l'année dernière, avant une lecture plus fouillée du rapport, je me suis avant tout intéressé au CO2 émis, pour moi le paramètre le plus important, qui intéresse le réchauffement climatique (quand ça se sera stabilisé, je parlerai bientôt des terrifiants records déjà atteints par la banquise arctique cette année :horreur:) et notre dépendance aux énergies fossiles.


Voici ce que ça donne en Mdt de CO2 émises, puis ramené à ce qui a été produit en kWh :

Réalisé 2011 : 26,7 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année, soit 49,3 g CO2/kWh (diminution impressionante / 2010 ! :jap:)
Scénario Median 2030 : 23,8 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 40,4 g CO2/kWh
Variante consommation forte 2030 : 24,3 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 37,5 g CO2/kWh
Variante croissance faible 2030 : 18,6 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 34,4=1 g cO2/kWh
Variante Nouveau Mix : 30,8 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 55,3 g CO2/kWh
Variante 40 GW Nucléaire en 2025 : à l'horizon 2025, 40,6 Mt de CO2 émises par le parc dans l'année soit 74,4 g cO2/kWh

Première constatation, les valeurs de CO2/kWh sont toutes nettement plus élevées que les scénariis correspondants de l'année dernière, et ne représentent plus une progression nette par rapport au score actuel : petite déception :cry:. Je n'ai pas encore déterminé la ou les causes de ces écarts qui vont nécessiter certainement une lecture plus approndie du rapport.

Autre constatation, l'ordre des scénarii n'est plus le même eu égard au critères émissions de CO2, excepté le scénario croissance faible qui garde la tête et qui montre une fois de plus, que moins consommer est la meilleure façon de moins polluer. C'est pour moi la conclusion majeure de ce rapport :grin:!

Un autre point se confirme : à horizon 20 ans, baisser la part du nucléaire fera augmenter sensiblement les émissions de CO2 de la production électrique.

Sachant qu'on ne pourra avoir en même temps le beurre et l'argent du beurre, ce sera donc des choix lourds et difficiles qui s'annoncent eu égard aux conséquences de chacune des options, et j'espère pour ma part qu'ils seront débattus, sans hystérie ni idéologie (l'hystérie et l'idéologie étant la meilleure façon d'éviter de réfléchir et de regarder en face un monde physique compliqué, fait de compromis :cool:), lors de la conférence environnementale organisée à partir de cet automne par le gouvernement.
 
Merci de cette lecture interessante....mais qui m'amene toutefois a un question fondamentale : En quoi ce rapport de RTE peut-il etre considéré comme fiable ,et donc utilisable pour un debat sur l'avenir energetique ?
 
Question légitime. Quelques éléments de réponse, tout de mon cru :cool::

Premièrement, pour décider de choix structurants, aux conséquences et implications énormes (financières, environnementales, sociétales,...), comme les choix énergétiques, domaine de plus très technique, mieux vaut s'appuyer sur des études prospectives d'experts que sur rien du tout.

Pour ma part, la première raison de la fiabilité d'un rapport d'experts est la compétence dans le domaine des personnes qui l'ont élaboré, bien plus que de leur indépendance. Par exemple, dans le domaine des perspectives en ressources pétrolières, j'ai bien plus tendance à croire ce que disent les géologues (même s'ils étaient avant dans des compagnies pétrolières) que les économistes (les prédictions des économistes de l'AIE, sans cesse revues à la baisse depuis le début des années 2000, le prouvent). Et dans le domaine du climat, jai bien plus tendance à faire confiance à un climatologue (même s'il est du GIEC)...qu'à un géologue allègrement autoproclamé climatologue (même s'il est électron libre) :-D.

In fine, le mieux est de lire les rapports, ce qui permet de les juger par rapport à ce qu'il y a d'écrit dedans et non en fonction de l'a priori que l'on peut avoir sur ceux qui l'on écrit.

Sur la partie technique du rapport de RTE, on peut, à mon sens, faire confiance aux experts de l'organisme pour savoir comment modéliser un réseau électrique, calculer les backups necessaires pour assurer sa fiabilité à partir d'un mix électrique donné, ce qu'il va produire et ses émissions.

Par contre, comme toute étude de scénarii énergétiques, les incertitudes viennent des prévisions d'évolution de démographie, de croissance, de la disponibilité des ressources, de l'efficacité des politiques énergétiques, etc...mais aussi du choix des scénarii. Et c'est là que l'on peut être complètement à côté de la plaque.

Comment donc s'en sortir lors d'une conférence environnementale ?

A mon avis, c'est justement la multiplicité des rapports de sources compétentes, qui permettent le dialogue et d'avancer. Cette conférence réunit le gouvernement, qui a ses experts institutionnels et leurs rapports, et différents organismes représentant divers intérêts, qui ont leurs experts et leurs rapports.

C'est la confrontation des rapports, des scénarii énergétiques abordés, et des résultats, qui vont permettre de débattre, de détecter les erreurs, de discerner les pistes communes, d'acter les désaccords, et in fine, d'arriver à un accord plus ou moins large sur la politique à adopter. Sur les sujets de désaccord, c'est le gouvernement démocratiquement élu, qui tranche.

Mais sur quelles bases, quelle méthodologie, comparer différents scénarii énergétiques issus de différents rapports ?

C'est un thème qui commence à être défriché : il fait par exemple partie des sujets d'études de TheshiftProject, organisme d'étude créé sous l'impulsion de Jean-Marc JANCOVICI. Je conseille au passage d'aller sur leur excellent portail de données :dieu:, où il est possible, entre autres choses, de comparer différents scénarii énergétiques de divers instituts.

On peut également citer le rapport Besson Energie 2050, criticable sur plusieurs points, mais qui a eu le mérite de faire une étude comparative de scénarii énergétique de toute provenance (institutions, ONG, associations, compagnies pétrolières,...) :jap:. Ca vaut vraiment le coup d'y jeter un oeil (l'étude commence vers la page 100).
 
Rapport de bilan du Grenelle

Voici le site de la conférence environnementale (Ayrault est en direct :photo:)...


...mais aussi le rapport qui fait le bilan du Grenelle.

Je conseille d'aller directement aux fiches relatives à chaque indicateur, et ne pas se contenter de l'interprétation des résultats, très lénifiante (exemple : émissions de CO2 dans les transports).
 
Bonjour

Juste un point parmi d'autres déceptions de ce 'nouveau Grenelle' :
"disposer de véhicules consommant 2 litres d'essence pour 100 km" (Bien !), un point jugé insuffisant par plusieurs ONG qui ont regretté que la question de la fiscalité sur le diesel n'ait pas été abordée. Dans la loi de finances 2013, il n'est pas prévu de rééquilibrer la fiscalité entre diesel et essence......
A quand la fin de ce scandale d'une taxe plus faible pour le Diesel (et trop élevée pour l'essence) ?
On continue à sponsoriser nos constructeurs nationaux au détriment de nos poumons, ça c'est de l'écologie !

Un naif pas content :sad:
 
Le problème des particules fines a pourtant été explicitement posé (sauf erreur de ma part, ça doit être la première fois) par le premier ministre lors de son discours de cloture de la conférence. On peut regretter l'absence de mesures pour l'instant, mais il y a quand même une inflexion dans le discours. Ca commence à sentir le roussi pour le diesel...:grin:

Celà dit, on peut comprendre ta déception : le rééquilibrage des taxes diesel-essence était une mesure annoncée et, me semble t-il, juste amorcée (puis abandonnée) par....... le gouvernement Jospin il y a quinze ans (lisez cet article de l'époque, on croît rêver ! :evanoui:)
 
Par contre je trouve que parler de voiture qui consomme 2l me parait un peu utopique ou alors va falloir serieusement reduire poids et vitesse !! Parce que energetiquement il est impossible avec un moteur thermique( rendement limite)il me semble de ne consommer que 2l pour rouler au dela de 110kmh ( sous entendus dans un vehicule de 4m 5p 4 places confortables et 1,2tonnes ou plus).
Bon bien sur on peut rever que d'ici 2020 tous les vehicules soient hybride plug in au moins...
 
Pizzabad a mis ici un lien très intéressant :jap: vers un rapport ADEME publié dans l'optique du débat sur la transition énergétique.

L'exercice me semble surtout instructif pour 2030, réalisé à partir d'une approche prospective alors que l'exercice de 2050 est fait sur la base d'une approche normative (l'objectif final définit la voie à suivre, sans vraiment en examiner la vraisemblance).

Deux remarques sur les transports en 2030 :
- le gazole perd (un peu) de terrain sur l'essence :cool:,
- l'électricité ne représente encore que 5% en énergie "finale", mais je ne pense pas que cette finalité intègre la transformation en énergie mécanique aux roues, auquel cas la part électrique serait plus importante. A vérifier sur le rapport complet...:-?
 
Le site du débat sur la transition énergétique

Après le Grenelle de l'Environnement il y a 5 ans, voici le débat national sur la transition énergétique !

Et dans 5 ans, quel sera le titre de la nouvelle consultation publique nationale sur les orientations énergétiques du pays :grin:?
 
Le débat qui n'intéresse personne

Voici la synthèse du débat sur la transition énergétique.

Comme on pouvait s'y attendre, il n'en sort rien de neuf :

- diviser la consommation énergétique par deux à l'horizon 2050 ? C'était déjà inscrit dans les réflexions du facteur 4 il y a 10 ans. Où en est-on depuis 10 ans : on a pas diminué, c'est certain,

- la rénovation thermique des logements : c'était le grand chantier du grenelle. Que s'est-il passé en 6 ans, à part presque rien...

- mettre le paquet sur les renouvelables : c'était déjà inscrit dans le Grenelle de l'environnement. On est hyper en retard sur nos 23% en 2020 (paquet énergie climat) mais le débat fixe néanmoins de nouveaux objectifs carrément délirants...dont on pourra donc se foutre encore plus de leur réalisation puisqu'ils sont inaccessibles (voir les deux items précédents),

- passer le nucléaire à 50% en 2025 : ce chiffre fixé en donnée d'entrée ne résulte pas d'un débat mais d'une promesse de campagne électorale, à partir d'un chiffre tiré à la loterie (50% de quoi au fait :eek:). Là encore, impossible d'y arriver en arrêtant seulement Fessenheim pendant le quinquennat...surtout qu'un peu plus de deux tranches sont arrivées sur le réseau dernièrement et que l'EPR finira bien par arriver à démarrer avant 2025... :grin:

Je pourrais continuer à l'infini sur la contribution énergie climat (ouarf, il faut que les socialistes ne manquent pas culot pour recycler cette magnifique idée sur laquelle ils avaient tiré à boulet rouge :sad:), le diesel, la taxe pour les poids lourds, les bornes de recharge pour VE...

:avocat:Je propose un nouvel objectif au gouvernement, qui va au delà de l'environnement : diviser par 10 le nombre d'objectifs qu'on se donne en se limitant à des objectifs réalistes, et tout faire pour les atteindre, et je dirais même : les atteindre :cool: !

Je pense n'avoir aucune chance dans ma requête :cry:, car ce genre de démarche est un peu trop nordique pour nous les Gaulois, grands adeptes du Nimby, et ça impliquerait surtout alors que nos haut fonctionnaires rendent des comptes, et soient jugés aux résultats...

Je vous donne RDV pour le prochain débat après 2017, en cas de changement de président, avec de nouveaux objectifs...:coolman:.
 
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