Hello,
Comme toujours un article avec un peu de sensationnaliste, et autant de demi-vérités que d'imprécisions. J'attends avec impatience des articles rédigés par des journalistes utilisateurs réguliers de VE.
Mais au moins il a le mérite de mettre en lumière un des principaux (sinon le seul !) problème des VE, c'est le temps de recharge.
Espérer une charge en 5 minutes est impossible techniquement et inutile humainement. Quand vous faites un plein en station sur autoroute, avez-vous calculé la durée totale de l'arrêt ? (plein + déplacement à la caisse + règlement + café ou autre + retour au véhicule). Par expérience, avec des passagers, c'est au moins 20 mn.
Avec un VE, quand on s'arrête 20 minutes, on charge pendant 19 minutes.
Pour moi, il y a trois grands types de recharge :
- Recharge dite "à destination", à 3 kWh (sur une prise 16 A), on branche le soir, on dort, et le lendemain on a chargé 30 ou 40 kW (en fonction de la durée de la grassmat). Perso c'est ce que je pratique le plus (pas la grassmat !), à hauteur de 60 % de l'énergie rechargée, et lorsque je me déplace j'essaye de trouver un point de chute (hôtel, loc, amis) où cette recharge à destination est possible.
- Recharge "semi-rapide", à 11 ou 22 kWh, c'est celle qu'on trouve sur les bornes "foraines" (Chargemap etc), dans les centres commerciaux (Auchan, Ikea, WestField, ...). Cela permet en 3 ou quatre heures de remonter sensiblement le niveau de la batterie. Un cas particulier, les bornes foraines à 50 kwH (dites "rapides") en courant continu cette fois, qui quand elles fonctionnent et que le véhicule le supporte, permettent de charger à 35 kWh, donc 2 à 3 fois plus vite que les "semi-rapides".
- Sur superchargeurs (Tesla surtout, un tout petit peu Ionity), qui permettent de charger entre 150 et 350 kWh en crête. Et c'est là que l'on croise les limites de la physique ...
Les anciens superchargeurs Tesla fournissent 120 ou 150 kW en crête, mais uniquement par paire de bornes A-B (un transfo par paire).
Si vous êtes sur la borne A, et qu'il n'y a personne sur la borne B, la puissance disponible sera 120 ou 150 kW, puissance qui sera ne délivrée que pendant 5 à 10 minutes.
En effet, au fur et à mesure que la batterie se remplit, le courant de charge diminue, il faut autant de temps pour passer de 10 à 80 % que pour passer de 80 % 100 % (donc on charge rarement à plus de 80 %, c'est plus rapide de faire un deuxième arrêt). La câble de charge ("attaché" à la borne) est d'un diamètre assez imposant.
Apparemment il y a également une limite au niveau d'un parc de bornes, quand sur un parc on a 16 bornes (donc 8 transfos de 150 kWh), on est limité à 1 GW en tout, alors qu'en théorie le parc peut monter à 1.2 GW.
Les nouveaux superchargeurs Tesla fournissent 250 kW par borne (1 transfo par borne), eux aussi le temps pendant lequel la batterie peut accepter une telle puissance. Et bizarrement, les câbles sont sensiblement plus minces car ... refroidis à l'eau !
Aujourd'hui, sur les superchargeurs, la limite n'est pas dans la puissance délivrée par la borne, mais dans celle acceptable par les batteries.
Les chargeurs semi-rapides sont à mon avis les moins pratiques. Typiquement on va rester 2 à 3 heures en charge.
Moins longtemps : cela ne vaut pas le coup (en plus la première heure est souvent plus chère)
Plus longtemps : la batterie risque d'être pleine avant et en cas de paiement à la durée, on va payer pour rien.
Si on fait un stop pour un peu de shopping ou un repas au restau ça va, mais si on a besoin de repartir vite, ou au contraire de laisser le VE garé 5 à 10 heures, pour une grande ballade ou une nuit, ça devient compliqué les chargeurs semi-rapides.
Cela dit, j'étais il y a quelques temps à Cherbourg, ville très bien équipée en bornes 11/22 kW, que j'étais bien content de les trouver en centre ville (parking assuré + recharge) pendant mes balades.
En final, quel est l'objectif d'une charge rapide (ou semi-rapide) ? A mon sens, c'est de récupérer suffisamment d'énergie pour faire 300 kms ou rouler 2 grosses heures, jusqu'à la prochaine pause (technique !) du conducteur ou des passagers.
Là on voit que les superchargeurs, même limités à 150 kW, font le job.
Un exemple tiré d'une expérience perso pour un voyage à Dinard :
- Départ de Paris à 90 %
- Arrivée à Caen à 19 %, charge de 23 mn pour arriver 75 % (11 €)
- Arrivée à Dinard à 30 %
Par expérience, un arrêt de 23 minutes est à peine suffisant pour le conducteur et les passagers ...
Pour le retour, il faut soit avoir une recharge à destination à Dinard, soit s'arrêter 10 mn en partant au chargeur "Mont-Saint Michel".