A la demande générale (!), je vais développer ma critique sur le discours du professeur émérite...
D'abord, c'est un prof de physique à la retraite. OK, c'est certainement un bon scientifique, mais si on remet en cause les théories des gens du GIEC, on est tout autant libre de remettre aussi en cause ses théories à lui - par simple équité. C'est ça, être scientifique. C'est un physicien, pas un climatologue, ni un biologiste, ni un écologiste (au sens premier du terme - quelqu'un qui étudie les environnements). Il est à la retraite, donc plus forcément dans le feu de l'action, à suivre les derniers développements de la recherche. D'un certain âge, il n'a peut-être plus la flexibilité d'esprit pour admettre des "vérités qui dérangent" comme dirait Al Gore, c'est humain. Même des jeunes ne peuvent se résoudre à abandonner l'idée de lendemains qui chantent.
Il a raison quand il dit que se fait un sacré "green business", mais taper sur les éoliennes (ailleurs qu'en France, s'entend, où l'électricité est déjà décarbonée - jusqu'à épuisement de l'uranium) c'est omettre de dire que les industries fossiles sont elles aussi grassement subventionnées à la source par des taxes elles aussi payées par le contribuable quand il consomme. Il devrait plutôt parler des forêts primaires monayées pour des crédits carbone, où on déporte ou pourchasse les autochtones installés là en harmonie depuis des siècles sous prétexte qu'ils chassent et cueillent (voir Naomi Klein).
Les éoliennes c'est cher ? C'est parce que depuis le début, on n'a jamais pris en compte le coût des énergies fossiles qu'on extrait. Le coût humain, le coût environnemental, le coût politique... les dernières guerres se rapportent à ça. On ne fera pas de guerre parce que le pays voisin a plus d'éoliennes. On le fera pour du pétrole.
"Il y a une variabilité naturelle du climat dont l’amplitude est plus importante que les faits anthropiques liés aux activités humaines." C'est vrai... sur des temps géologiques. En parlant de milliers d'années. Ces variations sont d'ailleurs largement incompatibles avec la survie de 7 milliars d'êtres humains. Mais ici (
https://climate.nasa.gov/climate_resources/9/graphic-earths-temperature-record/) on parle de 100 ans. L'évolution est tellement plus rapide que n'importe quelle changement identifié dans l'histoire de la terre, qu'on ne peut que la relier à l'essor de l'industrie.
"Le CO2 n'est pas nuisible, les plantes adorent". Bah tiens, un allégation de physicien mais pas de botaniste. Les plantes ne sont pas toutes pareilles. Elles n'apprécient pas toutes le CO2 de la même façon. Une étude récente a même montré qu'avec des doses de CO2 qui favorisent leur croissance, les légumineuses, comme celles qu'on force dans les serres espagnoles pour faire du rendement, perdent beaucoup de qualités nutritives. On a des plantes plus grandes, apparemment plus "heureuses" avec le CO2 à gogo, mais elles nourissent très mal. Enfin, plus de CO2, ça veut aussi dire une autre végétation, adaptée à ce taux plus élevé, pas forcément mangeable, celle-là. Les grandes fougères qui nourrissaient les dinosaures, ça ne donne pas de pain. Et avec les températures de l'époque, les seul mammifères à pouvoir survivre étaient bien petits - clairement pas assez froid pour des humains. Prof Gervais mélange tout et n'importe quoi. Après, si ça vous fait fantasmer de vivre dans la jungle par 40°C minimum et 100% d'humidité...
Quand il dit que la terre se verdit, il faut voir de quelle végétation il s'agit. Vous êtes allés dans une belle futaie artificielle de sapins ? Pas un bruit, c'est sombre et triste, quasiment mort. Les arbres sont si proches que leurs branches sont entremêlées et aucun oiseau ne peut y voler. Le sol est acidifé par les aiguilles tombées, ce qui le rend infertile à d'autres plantes qui ont besoin des mycorhizes qui se développent en sol basique. Ou alors parle-t-il des plantations de palmiers pour leur huile, ou des forêts d'eucalyptus qui empêchent tout sous-bois ? Il y a vert et vert... Prof Gervais encore une fois mélange tout et n'y connait pas grand chose. Mais il utilise des données hors contexte pour étayer ses arguments. Question : ces nouvelles étendues vertes sont elles seulement le fruit d'une augmentation salvatrice de CO2, ou plutôt (au moins en partie) de politiques de préservation, lancées par ces idiots d'écolos soucieux de faire pousser des plantes et d'arrêter la déforestation pour justement juguler le taux de CO2 ?
Le taux de CO2 n'a que très peu augmenté ? Même en oubliant que 0,04% de vraiment beaucoup, c'est quand même beaucoup, on ne peut pas avaler que ces phénomènes soient linéaires. Si vous augmentez la température d'une eau à 99°C (pourtant bien liquide) d'un seul degré et demi, vous avez de la vapeur (et que de la vapeur). Si vous augmentez le poids sur un plateau d'une balance à l'équilibre, ne serait-ce que d'un pouillème, les plateaux changent sensiblement de position. On parle d'équilibre, là, pas de degré alcoolique d'un bon vin. Prof Gervais cherche à minimiser l'effet domino, ignore les boucles d'auto-entretien et de rétro-action, les effets irréversibles... c'est très peu scientifique, comme approche. C'est même de la malhonnêteté intellectuelle.
Et puis bien sûr, le couplet sur la montée des eaux... c'est du même acabit. On n'a pas dit que les eaux montaient, ou qu'elles monteraient progressivement. On a dit que les eaux finiraient par monter, à partir du moment où l'emballement thermique atteindrait le seuil (encore une fois un aspect non-linéaire que sont les changements d'état solide-liquide). Qui a dit que les eaux ne monteraient que de 8cm à la fin du siècle ? Gervais. Sur quoi il s'appuie pour dire ça ? Sur l'hypothèse que ces eaux continueront à monter comme elles le font aujourd'hui. On n'est qu'en 2019 et le prof prédit l'avenir sur 80 ans. Chapeau... de clown.
Ensuite il nous explique qu'une variation de 0,4°C ne peut avoir de répercussions. C'est une moyenne qui cache de grandes variations, avec des points très chauds, où effectivement la végétation, les cultures, la faune, les cours d'eau apprécient bien plus mal qu'on ne pense une variation de quelques degrés seulement. Il s'est vraiment documenté, le prof, ou il nous livre des impressions personnelles erronnées ?
Enfin, non content de participer aux théories du complot tout en parlant de choses qui le dépassent (il l'admet lui-même dès le début), en prenant de sacrés libertés intellectuelles, il décourage les bon français en disant que ça sert à rien parce qu'on est négligeables sur la planète. Bah voyons. D'abord la contribution aux émissions est très mal calculée, puisqu'elle attribue à la Chine (par exemple) les émissions qu'elle genère sur son territoire... alors qu'elle le fait pour le monde occidental (en majorité), et donc par notre faute de vouloir posséder 3 tablettes chez soi et remplacer nos smart phones tous les 6 mois, de rouler en voiture neuve tous les 3 ans (assemblées en Europe peut-être, mais avec des matériaux souvent chinois), d'offrir des tonnes de jouets, de jeter des tas d'emballages à peine utilisés, etc, etc, bref, de jouer les enfants gâtés.
Ceux qui ont des économies florissantes (pour l'instant), qui ont les moyens de cramer de l'énergie à gogo directement à la maison ou indirectement dans l'atelier du monde, c'est bien le monde occidental. Et la France en fait éminemment partie (on est bien au G7, dites-moi). Même si la Chine et l'Inde produisent plus de CO2, ça reste assez moyen par tête de pipe (
lien). Faut arrêter de se voiler la face.
Verdict: Prof Gervais, à qui profite votre crime ?