Comme Panda94 et Ian51, je reviens du Mans clairement déçu
😢 du résultat des TS040, mes autos favorites (bruit, patate, techno, et même look dans cette version à faible appui,...et puis elles représentent la marque qui a mis au monde ma fabuleuse Prius
😎), car elles avaient presque tout pour gagner cette année.
Mais Le Mans, course unique par sa difficulté et sa mise à l'épreuve des matériels et des hommes, est venue rappeler à Toyota l'implacable devise anglaise applicable à toute course, mais qui est la clé de l'endurance : "
To finish first, first you have to finish"

.
C'est particulièrement vrai lorsque l'on n'aligne que deux voitures, choix respectable de Toyota qui a une philosophie de budget non pharaonique, mais qui impose de n'avoir aucun incident de course sérieux (accrochage, sortie de route en tapant), vu la compétition très élevée, pour conserver à tout prix un joker pour la victoire en cas de pépin de fiabilité sur une des deux voitures.
La Toyota n°7 a eu une panne malheureusement irrémédiable (*) malgré les nombreuses longues simulations de 24 heures+ (4 au total) effectuées par l'équipe. C'est clairement de la malchance : toujours le même chat noir pour Toyota au Mans

?
Si la TS040 n°8 n'est pour rien dans ce qui lui est arrivé, je serai beaucoup moins clément avec Nicolas Lapierre, le pilote qui a pris le départ et qui a semblé oublier qu'il était parti pour une course de 24 heures. De toute évidence, il était chaud-bouillant au départ

, et une première incursion dans un bac à gravier dès les premiers tours, alors qu'il avait creusé l'écart en compagnie de la n°7, aurait pu risquer d'endommager son fond plat et les dispositifs aérodynamiques sous la voiture, ou amener du gravier devant des radiateurs ; l'a mis dans une position malaisée et risquée en sandwich entre deux Audi ; et in fine, de fil en aiguille, dans la position qui lui a été fatale lors de l'averse (**).
Et là, quoi qu'il en dise (voir
ici ou
là), il n'a pas été du tout prudent sur ce coup, contrairement à l'Audi n°3 qu'il a sortie pour de bon

; car c'est bien lui qui l'a sortie comme l'atteste de manière implacable
cette vidéo, que l'on peut facilement recouper avec la caméra embarquée de l'Audi A3. Oui, la voiture qui arrive à donf sur la droite, en perdition car en aquaplanning, tel une boule de bowling dans un jeu de quilles, au milieu de voitures (dont cette Audi n°3) roulant doucement sur une piste détrempée pour ne pas compromettre sur un coup de dés leur course 24 heures, c'est bien la n°8 avec Lapierre à son volant

.
C'est une très grave erreur qui coûte toute possibilité de victoire à la n°8, car comme le dit genfutures, on ne peut plus remonter du fait de la limite de la consommation. Pescarolo n'avait pas reconduit Soheil Ayari dans son équipe pour moins que ça suite au Mans 2005. Nicolas Lapierre a été très bon dans d'autres circonstances et ne mérite sans doute pas le même sort, mais un sérieux remontage de bretelles devrait lui être administré

par son team (d'autant plus qu'il ne reconnait pas ses torts et ne regrette pas publiquement d'avoir dégagé l'Audi n°3

), et le départ devrait être confié à un autre pilote au Mans 2015. Mais Toyota sera t-il dans une position aussi favorable l'année prochaine

?...
...Car en 2015, sans compter Audi (et Nissan...

), Porsche viendra pour gagner. Et sa prestation pour une première année est plus qu'encourageante, voire admirable vue la complexité technique de la 919 Hybrid

. Quelle ne fut pas ma surprise et un sacré baume au coeur lorsque la Porsche n° 20 qui était toujours là, a pris la tête dans la 20ème de course et l'a gardée jusqu'à la 21ème heure, soit très loin dans la course (la 919 allait-elle prendre le relais des Toyota et sauver l'honneur des essences ?). A noter que lors de son pépin qui l'a éliminé de la tête, Marc Webber est rentré en électrique sur ses seules batteries. Une Porsche priustorique serait restée au tapis. Encore un avantage manifeste de l'hybridation

!
Le miracle ne s'est finalement pas accompli, et c'est finalement une neuvième victoire consécutive pour un diesel. Et la 13ème pour Audi avec un joli doublé (qui rappelons a gagné aussi en essence), qui s'est une nouvelle fois montrée une très grande équipe. Légèrement dominée en performance, mais plus tant que ça (ce qui prouve la justesse de ce règlement

, contrairement à ce que disait...Audi en la personne de son chef moteur Ulrich Baretzky

) et avec le meilleur chassis, elle a été capable de réparer en un temps record ses deux voitures restantes qui n'ont pas été épargnées par les ennuis, et aller chercher le meilleur tour en course (de loin, splendide André Lötterer), très proche du temps de la n°8 aux qualifications ! Et toujours un grand esprit sportif, marque du Dr Ulrich

.
Si on se place d'un point de vue neutre, l'édition fut magnifique : les 3 marques ont mené la course chacune à leur tour, avec X rebondissements, le rythme a été nettement plus élevé que l'année dernière, avec des voitures hyper-impressionantes en accélération (Toyota et Porsche à Arnage) et en courbes (Audi dans les virages Porsche) tout en consommant 25% de moins que leurs devancières. Les regards émerveillés de deux novices qui m'accompagnaient étaient là pour le prouver. Bravo à l'ACO et à la FIA pour ce splendide règlement

et vive le Mans

!
Quelques données factuelles en annexe :
(*) : @panda94, c'était
une défaillance du faisceau électrique qui a causé l'abandon et probablement entrainé le début d'incendie via un court jus. Un changement d'injecteurs en course est une opération longue qui n'aurait jamais permis à la n°7 de garder la tête de la course 14 heures durant !
(**) : à noter que selon un riverain, il n'a pratiquement pas plu à 1,5 km à l'est du Tertre Rouge. Le nuage était très localisé, et pil-poil sur le circuit qu'il a traversé du NE au SO. Quand Zeus est contre vous, vous ne pouvez rien y faire !