Et les conséquences ?
La Bourse finance l'économie. La spéculation la nourrie.
Qui va investir dans une Start Up si il n'a pas l'espoir des récupérer 5 fois sa mise 3 ans plus tard ? Personne !
C'est le risque qui rémunère l'actionnaire, et la spéculation en fait partie... 😎
Constat tout à fait exact. Mais pour quelles conséquences ?
Comme j'ai créé mon entreprise, et que j'ai vécu plusieurs années dans une pépinière de start-ups, dans laquelle les créateurs échangent beaucoup, je vais citer les étapes :
1/ En l'absence de fond d'amorçage (en France), les entrepreneurs piochent dans leurs économies, parfois jusqu'à hypothéquer leurs biens. Ils vont même demander à leur famille et amis d'y investir. Ils ne se payent quasiment pas (le minimum pour s'assurer les points retraite). Ils se consacrent à leur "bébé" 6 ou 7 jours par semaine, avec des horaires délirants. Ils prennent un minimum de vacances (2 à 3 semaines / an maxi), voire pas du tout. Ils s'appuient sur les seules ressources qu'ils peuvent payer (toujours sur leurs propres deniers) : des stagiaires rémunérés au minimum légal, voire pas du tout (illégal).
2/ Après quelques années à ce régime en quasi-autarcie, si les entrepreneurs tiennent le coup (financièrement et moralement), ils arrivent à un concept fonctionnel / un prototype / embryon de service : Ils ont démontré la faisabilité de leur projet.
3/ Pour faire grandir leur "bébé", les entrepreneurs n'ont guère le choix que d'appeler les fonds d'investissement (les banques ne prêtent pas aux start-up). Et là, le jeu de poker-menteur commence : Créer un plan d'affaire ("business plan") propre à répondre aux exigences des investisseurs à 3-5 ans. Donc, un plan d'affaire totalement irréaliste qu'il faut présenter aux investisseurs, en mentant comme un arracheur de dents, pour les faire rêver (financièrement parlant).
4/ Si les investisseurs accrochent, ce n'est pas qu'ils ont cru à ces mensonges : C'est qu'ils ont trouvé plusieurs voies de sortie (donc un risque minimal) pour être gagnant à 3-5 ans et toucher un minimum de 20% d'intérêts par an sur le capital investi. Evidemment, ils ne vont pas communiquer toutes les solutions "de replis" : Ils font rêver les entrepreneurs (toujours le jeu de poker-menteur).
5/ Changement de statut et répartition des parts de la start-up : Les investisseurs évaluent financièrement les parts de l'entrepreneur : Les biens matériels et immatériels (immatériel = brevet(s), savoir-faire, ...), en minimisant l'immatériel. Les parts des investisseurs = les fonds qu'ils apportent. Leur but est de prendre la majorité des parts. A partir de là, l'entrepreneur n'a plus le pouvoir. Dans le jeu de poker-menteur, les investisseurs prennent définitivement la main.
6/ Après 3 à 5 ans, le plan d'affaires promis n'est évidemment pas tenu. La partie de poker-menteur se termine par la revente de la start-up à une autre entreprise (souvent un grand groupe) qui ne s'intéresse qu'au concept/brevet/technologie/service. Ou bien par la revente des biens matériels et immatériels à plusieurs entreprises (souvent étrangères pour l'immatériel).
7/ Parfois, les personnes cléf de la start-up sont embauchés mais vont vite se sentir étouffés par la culture d'un grand groupe (à l'opposé de celle d'une start-up). Dans le pire des cas, ils sont sur le carreau, sans assurance chômage, avec une caisse RSI défaillant et minimale (RSI = la sécurité sociale des indépendants).
8/ Les créateurs d'entreprise ont troqué leur "bébé" contre de l'argent ... et sont vaccinés à vie de la maladie de créer une entreprise.
Il ne faut pas s'étonner que les jeunes désirent être, en priorité, fonctionnaires ou salariés plutôt qu'entrepreneurs en France.
En l'absence d'aides (fonds d'amorcage, encadrement et conseils avisé d'autres créateurs d'entreprise qui sont passés par là), mais aussi de débouchés français et européens, les entrepreneurs talentueux préfèrent quitter la France.
Il ne faut pas s'étonner non plus du faible nombre d'ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) en France. Les start-ups n'ont pas le temps d'atteindre cette taille.