L'an passé, il ne s'est vendu que 8 770 voitures électriques, dont 5 511 Renault Zoé. La révolutionnaire petite qui devait faire exploser le marché l'aura seulement augmenté de 50 %. Bilan, le marché ne s'est converti qu'à 0,5 % et Carlos Ghosn s'est assis sur son objectif du million et demi de Renault électriques d'ici 2016. Une défaite pour la marque au losange, mais une victoire pour qui ? Et si c'était un peu de notre faute, à nous les journalistes ?
Il faut reconnaître que la voiture branchée nous a bien fait ricaner. Moi aussi, j'ai écrit qu'une électrique chargée à bloc avait le rayon d'action d'une diesel dont le témoin de réserve s'allume. J'ai même ajouté que cette charge prenait plus de temps qu'une révision des 100 000 km. C'est vrai, mais c'est con. Autant écrire qu'une Porsche roule plus vite qu'un tracteur. Et même qu'un tracteur Lamborghini.
A chaque essai d'une voiture électrique dans la presse auto, c'est la même chanson : le confrère part à l'aventure, surveille l'autonomie restante comme la mèche du pétard, s'angoisse de tomber en panne, ne trouve pas de borne de recharge, vide la batterie deux fois plus vite que prévu – refrain : "faut bien que je teste les reprises" – et finit par attraper un rhume parce qu'il a dû couper le chauffage pour économiser les watts dans les bouchons afin d'arriver à bon port. A moins qu'il ne joue le scoop : la photo de l'auto chargée –ou plutôt déchargée- sur le plateau de la dépanneuse. Couplet final, une électrique, ce n'est fait que pour la ville, point barre.
La voiture électrique pour la ville ? Justement non, au contraire, c'est fait pour la campagne ou la lointaine banlieue, là où on habite dans une maison avec : 1/ une prise 240 V dans le garage, 2/ des trajets réguliers et 3/ une deuxième voire une troisième voiture capable d'emmener la famille en vacances.
Une voiture électrique, c'est fait pour aller au boulot un peu loin (pour que ça soit rentable) mais pas trop (vous avez compris pourquoi) puis en revenir et se brancher sur sa wallbox. Ou pour une infirmière, un toubib ou un kiné faire la tournée des patients. Bref, pour le train-train quotidien des centaines de milliers de voitures qui ne sortent jamais de leur département. Une Nissan Leaf ou une Renault Zoé, c'est l'auto idéale du conducteur qui abat ses 100 ou 150 km par jour ouvrable, jamais plus, jamais moins, en a marre de sortir sa carte bleue à la pompe toutes les semaines et ne veut pas faire comme son voisin. Sur cinq ans, pour 20 000 km annuels, entre l'économie de carburant (essence ou gazole), la location (ou pas) des batteries, la wallbox (ou pas) l'entretien et l'assurance moins chers et la facture EDF (heures pleines ou creuses), une électrique peut faire économiser de 1 000 à 3 000€.
Vous l'avez compris, malgré le faible niveau actuel des ventes, la voiture électrique a peut-être encore de l'avenir. Ne l'enterrons pas trop vite...