Pistes de réflexion pour les partisans du gasoil
A mon tour de ne pas comprendre.
Une comparaison de consommation ne s'exprime pas en Euros !
Sinon la comparaison de consommation entre deux véhicules de carburants différents dépendrait du pays dans lequel on achète ce carburant !!
Un coût d'usage, lui, s'exprime en Euros. Et là il faut prendre en compte aussi bien le carburant que l'entretien, les réparations, l'assurance, la carte grise, la dépréciation...etc...
A+
- Les moteurs diesel ont un rendement largement supérieur aux moteurs à essence de même puissance. A preuve: là ou un modèle à essence consomme 7 l/100 km, le diesel équivalent consomme environ 6,1 litres !
Réponse: ces observations sont faussées, car on y compare un litre de gasoil à un litre d'essence. Il faut savoir que, quel que soit l'hydrocarbure considéré, la quantité d'énergie contenue dans un kilo de carburant est sensiblement la même. Or, le poids spécifique des hydrocarbures est fort variable. Par exemple un litre de GPL (mélange de butane et de propane en proportions variables selon la saison) pèse environ 30 à 35% de moins qu'un litre de gasoil. De même, un litre d'essence pèse environ 12% de moins qu'un litre de gasoil. Ceci explique la consommation volumique élevée des moteurs tournant au GPL, plus que largement compensée par l'énorme différence de prix au litre.
Pour faire une comparaison valide, on devrait parler de kilos d'hydrocarbures au 100 km, et à ce moment, on s'apercevrait que la différence de consommation entre un diesel et un moteur fonctionnant à l'essence ou au GPL est minime, voire négligeable.
L'avantage financier du gasoil (en France) vient du fait qu'on vous vend le kWh gasoil moins cher que le kWh essence, mais encore plus cher que le kWh GPL. En Suisse par exemple, le gasoil routier est systématiquement plus cher (au litre) que l'essence. En fait, le kilo de gasoil y est vendu pratiquement au même prix que le kilo d'essence, ce qui n'est que justice.
- Les moteurs diesel sont moins polluants que les moteurs à essence.
Réponse: entièrement vrai jusque dans le courant des années 70. Aucune voiture n'était alors équipée d'un catalyseur, et toutes les voitures à essence (à de rarissimes et coûteuses exceptions près) utilisaient un carburateur. L'agent anti-détonant utilisé dans l'essence était le plomb. Le carburateur est un dispositif très grossier, conduisant à la production d'un mélange air/essence trop riche en essence afin de se prémunir contre les risques de surchauffe et d'auto-allumage qui auraient résulté de l'utilisation d'un mélange trop pauvre. Résultat: une production abondante d'oxyde de carbone (CO2), gaz éminemment toxique, couplée au rejet non négligeable de composés de plomb. La longévité des moteurs à essence était aussi moindre que celle des diesels, car le mélange trop riche diluait l'huile, spécialement lors des mises en marche à froid, conduisant à une usure accélérée des cylindres et segments de pistons.
L'obligation d'incorporer des catalyseurs, dans le but initial de réduire les émissions d'oxyde de carbone, a eu par ricochet d'autres résultats bénéfiques: fin de l'essence plombée, car le plomb aurait détruit le catalyseur en un temps très court, et aussi contrainte pour les constructeurs de développer des systèmes d'injection performants et d'un prix abordable, car la quantité d'oxyde de carbone produite par un système à carburateur était bien trop élevée pour qu'un catalyseur d'un prix de revient raisonnable puisse l'éliminer. En conséquence, la consommation moyenne des voitures à essence a plongé, et la longévité de leur moteur a été pratiquement doublée car l'huile s'en trouvait nettement moins polluée.
Le moteur diesel, quant à lui, n'avait pas ce problème de pollution à l'oxyde de carbone. De par son pricipe, il exigeait l'utilisation d'une pompe à injection précisément calibrée pour garantir une combustion optimale du mélange en toutes circonstances. De plus, cette carburation plus raffinée évitait la dilution de l'huile, élément propice à une meilleure longévité. D'un autre côté, l'injection directe du carburant (comme sur les poids-lourds ou les machines agricoles) était exclue sur les véhicules de tourisme, car le train moteur, ou train mobile (pistons-bielles-vilebrequin) n'aurait pas pu supporter la brutalité de la combustion du mélange air/gasoil, à moins de surdimensionner ledit train, ce qui aurait été contre-productif au niveau du poids et des facultés d'accélération. Les moteurs diesel étaient donc condamnés à utiliser un système d'injection indirecte (style chambres Ricardo) qui pénalisait le rendement car le gaz de combustion devait passer par un étroit conduit avant d'atteindre le cylindre, pénalisant rendement et performances vis-à-vis du moteur à essence.
Suite à la demande de la clientèle qui exigeait de pouvoir bénéficier des tarifs attractifs (et peu justifiés) du gasoil sans compromettre l'agrément d'utilisation, les constructeurs ont développé des moteurs diesel à injection directe à l'usage des voitures de tourisme. Dans ces derniers, plus de chambres Ricardo, l'injecteur se trouve implanté directement dans le cylindre. Le problème de gestion de la brutalité de la combustion sans augmentation des dimensions et du poids du train moteur a été contourné par l'adoption d'une liaison élastique entre ce dernier et le volant moteur, traditionnellement monté de façon rigide sur le vilebrequin, comme il l'est toujours sur la vaste majorité des moteurs à essence. D'autre part, afin d'obtenir les mêmes performances qu'un moteur à essence sans augmenter la cylindrée, et par conséquent le volume et le poids du moteur, on a été conduit à généraliser l'usage du turbo-compresseur. Tout ceci a eu des conséquences au niveau de la fiabilité: les défaillances de liaisons élastiques entre vilebrequin et volant-moteur furent nombreuses, ayant pour résultat d'endommager l'embrayage et la boîte de vitesses, et même, dans les cas les plus graves, à détruire le moteur. De nombreux soucis se manifestèrent aussi au niveau des turbines du turbo compresseur, ces dernières devant être de dimensions et de poids réduits pour assurer une bonne réactivité (faible inertie), et devant tourner à des vitesses très élevées, de l'ordre de 20 à 22.000 tour/minute pour remplir leur fonction sous un volume et un poids réduits. Inutile de dire que la lubrification de cet organe est très critique, et des fuites de lubrifiant à ce niveau ont pour résultat la destruction du moteur par emballement, l'huile déversée par le compresseur défectueux se retrouvant brûlée au même titre que le carburant injecté, mais de façon incontrôlée.
Question pollution, on peut dire que le moteur à essence et le moteur diesel actuels produisent sensiblement la même quantité d'acide carbonique (CO2) à puissance égale. Pour ce qui est de l'oxyde de carbone (CO), le moteur diesel en produit moins, mais l'excès de ce gaz produit par le moteur à essence est faible, et entièrement éliminé par le catalyseur. En revanche, le moteur diesel produit divers oxydes d'azote (NOx), gaz éminemment irritants et, qui plus est, plus lourds que l'air, donc ayant tendance à stagner à l'endroit où ils sont produits. Les asthmatiques des villes, spécialement ceux habitant dans des cuvettes comme Grenoble ou Albertville, vous en seront reconnaissants pour le reste de leur courte vie, messieurs les adeptes du dieu diesel !
Tout ceci pour dire que je redoute de voir le jour où Toyota produira une Prius (ou une autre hybride) animée par un moteur diesel. J'espère qu'ils ne commettront jamais cette bourde. J'espère aussi que les pouvoirs publics feront un jour preuve de bon sens en cessant de promouvoir le diesel à tout crin, en vendant les hydrocarbures au kilo et non plus au litre à un prix équivalent, à l'exception du GPL qui, lui, ne produit pratiquement que de la vapeur d'eau comme sous-produit de combustion, car il émane du processus ultime du raffinage où les impuretés ont été virtuellement éliminées car laissées dans les produits plus lourds. Ce carburant, à mon sens, mérite seul une incitation financière, ce qui n'est le cas pour aucun hydrocarbure liquide. Cette promotion effrénée du diesel par l'Etat vient du souci de favoriser l'industrie automobile nationale qui a lourdement investi dans la recherche sur les moteurs diesel, avec des résultats mitigés comme je viens de l'expliquer. Quand on se gargarise de beaux principes sur la protection de l'environnement, il faudrait se montrer capable de choisir dans l'intérêt de la santé publique et surtout ne pas essayer de faire prendre des vessies pour des lanternes au bon peuple !