Bruxelles veut moitié moins de biocarburants de première génération en 2030
Par Claire Fages RFI 24 novembre 2016
Dans un projet de directive, la Commission européenne divise par deux son objectif de biocarburants de première génération, accusés d'émettre plus de CO2 que l'essence ou le Diesel. Un compromis qui ne satisfait personne.
Bruxelles veut moitié moins de biocarburants de première génération pour 2030. Mais le projet de directive européenne ne satisfait ni les écologistes ni la filière européenne des biocarburants. Le biodiesel, fabriqué à base de colza ou d’huile de palme, et le bioéthanol, extrait de la betterave, du sucre ou du blé, ne devront plus dépasser 3,5 % de la totalité des carburants dans les transports européens en 2030, contre 7 % prévus initialement.
À l’origine, l’incorporation de ces biocarburants de première génération avait été encouragée pour limiter la part des carburants fossiles, essence et Diesel, dans les transports, un quart des émissions de gaz à effet de serre en Europe. Mais un rapport a depuis conclu que le remède pouvait être pire que le mal si l’on tenait compte des émissions de CO2 provoquées par le changement d’affectation des sols, notamment la disparition des forêts et des tourbières, au profit de l’huile de palme, importée en complément pour alimenter les moteurs européens.
Une décision qui ne passe pas
Cet été, Bruxelles avait du coup tout bonnement décidé d’exclure le biodiesel et le bioéthanol de ces objectifs en 2030. Le fait que la Commission projette finalement de maintenir leur incorporation, même réduite de moitié, fait donc enrager l’association écologiste Transport et Environnement. Mais les producteurs européens de colza ne sont pas non plus satisfaits de ce compromis de Bruxelles. Si le débouché du colza, qui s’est imposé dans les rotations, est à ce point réduit, le prix de l’huile de colza va s’effondrer.
La survie des exploitations céréalières européennes est en jeu autant que les usines de diester. On produira moins de tourteaux de colza pour le bétail européen et l’on importera encore plus de tourteaux de soja du Brésil. Les biocarburants de deuxième génération ne sont pas prêts à prendre le relais, utiliser la paille pour faire du carburant plutôt que de l’épandre sur les sols entraînera par ailleurs un usage plus important d’engrais, estime Didier Nedelec, directeur général d’Offre et demande agricole. Il aurait peut-être été plus judicieux d’exclure l’huile de palme des calculs d’incorporation dans les carburants européens.