Shadoko,
J'attends vraiment que l'on me prouve que le bilan TOTAL d'un véhicule Electrique /hybride Plug in soit vraiment benefique pour réduire les émissions de CO2.
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Je me contenterai de la voiture purement électrique, l'autre étant une moyenne pondérée de l'électrique et de la thermique.
Ce que je reproche à Jancovici c'est de balancer des phrases comme "
la voiture électrique pollue exactement comme la centrale électrique qui a fait l'électricité", qui ne veut à peu près rien dire pour qui se penche un peu sur le problème.
Les rejets d'une centrale thermique sont connus et constants, la machine tournant toujours à peu près à son rendement optimum. C'est évidemment le charbon le pire des cas, aussi bien pour la pollution directe (soufre, oxydes d'azote...) que pour le CO2. Le charbon étant le plus riche en carbone des combustibles fossiles, c'est celui qui rejette le plus de CO2 par unité d'énergie thermique dégagée.
Les pouvoirs calorifiques varient suivant les qualités de charbon ; on peut prendre environ 30 MJ/kg pour un charbon correct, et plus pour les charbons de luxe. Le rapport de masse CO2 / C étant de 44 / 12 = 11 / 3, 1 kg de carbone brûlé dégage 11 / 3 = 3,67 kg de CO2. Le charbon n'est pas du carbone pur ; la concentration varie beaucoup suivant la qualité mais si on prend une valeur de 80% de carbone en masse, ces 3,67 kg de CO2 sont dégagés par la combustion de 1,25 kg de charbon, produisant 37,5 MJ. Ce qui nous fait du
10 MJ au kg de CO2 grosso merdo, à comparer à ce que dégage l'essence : environ 2,4 kg de CO2 par litre pour 9 kWh ou 32,4 MJ, donc
13,5 MJ au kg de CO2.
Mais nous ne sommes là que du côté obscur de la force, c'est de l'énergie
thermique. Il faut ensuite la transformer en électricité dans une centrale, puis la transporter, la stocker et enfin la déstocker pour faire tourner un moteur électrique, et faire bouger la voiture. Dans le cas de l'essence, la conversion en énergie mécanique est plus directe dans le moteur.
Des 10 MJ
thermiques par kg de CO2, on ne retrouve qu'à peine plus d'un tiers sous forme d'électricité, ce qui revient à dire qu'il faut dégager à peu près
1 kg de CO2 pour 1 kWh électrique (1 kWh = 3,6 MJ).
Voir ici par exemple. Si on rajoute les pertes des lignes et celles liées à la charge des batteries, on pourrait bien ne retrouver que 0,8 kWh par kg de CO2.
Mais du côté moteur thermique, la situation n'est pas rose pour autant. Si les meilleurs moteurs automobiles actuels parviennent à un rendement thermique -> mécanique quasi identique au rendement thermique -> électrique des centrales à charbon (pas loin des 40%), il ne s'agit que du rendement
maximal très loin de représenter la majorité des situations de conduite, surtout en ville ou péri-urbain. Il peut fort bien chuter d'un facteur 3 voire bien davantage en circulation encombrée !
Donc, même si au départ le charbon est handicapé par ses émissions de CO2 supérieures par unité d'énergie thermique dégagée, et même en tenant compte des conversions diverses (qu'on sait faire aujourd'hui de façon assez efficace), l'utilisation des moteurs thermiques dans les voitures standard aboutit à des rendements réels tellement minables que l'électricité à base de charbon (la pire, rappelons-le !) peut encore être préférable pour une utilisation urbaine de la voiture, surtout si elle n'est pas hybride. Et l'électricité n'est quand même pas faite uniquement avec du charbon au niveau mondial !
De plus, l'utilisation de voitures électriques amènerait un tas d'autres avantages, à commencer par une utilisation plus rationnelle de la bagnole liée à son autonomie plus limitée. Bref, c'est le genre de problème où il ne sert à rien de faire des études-bilan compliquées (les conclusions étant hautement variables en fonction des hypothèses de départ), mais où un peu de bon sens et de connaissances des vraies conditions de fonctionnement des moteurs automobiles amène rapidement à trouver un intérêt écologique à la voiture électrique, au moins en ville.